Le libertin - Eric-Emmanuel Schmitt
Quatrième de couverture :
Dans le pavillon de chasse du baron d'Holbach, Diderot pose à demi-nu pour Mme Therbouche tout en marivaudant quand son secrétaire interrompt leurs jeux amoureux pour lui demander d'écrire au plus vite l'article sur la morale de l'Encyclopédie.
Une folle journée commence pour Denis Diderot constamment dérangé dans ses entreprises, qu'elles soient de séduction ou de philosophie...
Après Le Visiteur et Variations énigmatiques, immenses succès déjà considérés comme des classiques, Eric-Emmanuel Schmitt renouvelle la comédie libertine en y introduisant le paradoxe philosophique pour en faire une vibrante apologie du désir.
Mon avis :
J’avais beaucoup aimé La part de l’autre et depuis j’avais envie de me replonger au plus vite dans l’œuvre d’Eric-Emmanuel Schmitt. J’avais une envie soudaine de théâtre. Le libertin me faisait de l’œil depuis un moment. L’adorable Anne Sophie a eu la gentillesse de me prêter cette pièce. ==> Conclusion logique ?
Autant dire tout de suite que ce n’est pas une des œuvres les plus mémorables de Eric-Emmanuel Schmitt. Néanmoins j’ai passé un très bon moment. Une pièce légère, drôle aux mœurs du XVIIIème siècle. L’auteur aborde avec dextérité la philosophie des Lumières puisque Diderot écrit un article de l’Encyclopédie pendant la pièce, cependant pas de longs et interminables discours de philosophie. L’auteur reste dans la simplicité et tant mieux. Loin d’être une pièce lourde, Le libertin ne nous ennui pas et possède une vivacité et un humour certains. Il est composé de scénettes souvent très courte et l’auteur n’use pas de beaucoup d’indications scéniques qui pourraient gêner la lecture. C’est fluide, la plume est agréable et assez moderne mais la pièce possède un petit charme désuet qui m’a envoûté. Les personnages ont tous un potentiel comique et certaines répliques, acerbes ou bon-enfant m’ont bien fait rire. Un petit extrait qui m’a bien plu, Monsieur et Madame Diderot discute à propos de l’article qu’est sensé faire Diderot sur la morale :
« Mme Diderot - C’est à toi qu’on a confié l’article « Morale » dans l’Encyclopédie ? Pourquoi pas l’article « Bœuf Mironton » ou bien « Blanquette de veau » ?
Diderot - Quel rapport ?
Mme Diderot - Tu ne sais pas faire la cuisine. »
Vous l’aurez compris, cette pièce sans être un bijou reste très agréable à lire. La morale ! quel beau sujet sur lequel on pourrait disserter pendant des heures. Ici, l’auteur réussit habilement à, sans nous faire des paragraphes philosophique compliqués dessus, nous faire réfléchir au sens de la morale et à ce qu’elle représente à travers son histoire. De plus, les trente dernières pages m’ont vraiment surprise, je ne les avais pas du tout vues arriver et j’ai trouvé qu’elle concluait bien la pièce.
Sans être exceptionnel, c’est donc une plutôt un nouveau rendez-vous réussi avec cet auteur. J’ai été agréablement transportée dans le XVIIIème siècle, cette époque que j’adore. Quand M. Schmitt va-t-il me décevoir ? En tout cas je continuerais à lire avec plaisir ses ouvrages qui, jusqu’ici, m’enchantent à chaque fois.