La Comtesse - Julie Delpy
Second film à peu d'intervale, je ne sais pas du tout si j'en chroniquerais beaucoup. J'ai vu ce film hier soir mais j'ai fini d'écrire ma chronique vers 23h et ayant eu une journée chargée et les yeux plus en face des trous, je n'avais pas le courage de me battre avec Overblog et ses caprices j'aurais fait une bêtise à tous les coups.
Synopsis Allociné :
A la mort de son mari, la comtesse Elizabeth Bathory se trouve à la tête d’un vaste domaine et d’une immense fortune. Aidée de sa confidente, la sorcière Anna Darvulia, Elizabeth étend progressivement son influence, suscitant chez chacun crainte, admiration et haine, pour devenir la femme la plus puissante de la Hongrie du 17ème siècle – dictant ses conditions jusqu’au roi lui-même.
Elle rencontre alors un séduisant jeune homme dont elle tombe éperdument amoureuse mais celui-ci l’abandonne. Certaine d’avoir été délaissée car elle n’était plus assez jeune et belle. Sombrant progressivement dans la folie, Elizabeth, à la suite d’un accident, se persuade que le sang de jeunes vierges lui procure jeunesse et beauté. Elle commence à prendre des bains dans le sang des jeunes filles du château puis de la région. Débute alors une série d’actes sanglants et diaboliques…
Mon avis :
Julie Delpy est ici devant et derrière la caméra. Elle est loin d’en être à son premier coup d’essai en tant que réalisatrice et ce film est particulièrement bien réussi. Elle réinterprète ici le mythe de la comtesse Elisabeth (Erzebet en hongrois) de Bathory, une des premières figures de l’histoire qui servi d’inspiration au mythe du vampire après Vlad Tepes.
Passant outre la réalité historique présentant Elisabeth Bathory comme une meurtrière ayant tué et torturé des centaines de jeunes filles, Julie Delpy donne une dimension humaine au personnage, attise notre compassion en nous donnant les clés de l’histoire pour comprendre ses actes. Le film démarre avec E. Bathory enfant puis sa vie jusqu’à la folie, Delpy ne nous livre pas actes de façons crue comme ce qui avait été fait jusqu’à présent mais fais un préambule qui nous permet de nous immiscer dans le contexte historique et de voir que les atrocités commises par E. Bathory ne sont pas sans raisons. Elisabeth Bathory nous est présentée comme une femme avant tout, une femme qui voulait avoir pouvoir et respect dans cette époque où la femme n’était que très peu considéré. Ainsi, la où il y a respect, il y a crainte et, si l’on se doute que la réalité historique a été romancée et qu’il faut prendre le film avec des pincettes, J. Delpy nous décrit la Comtesse comme une femme forte mais fragile qui voit ses sentiments et émotions comme une faiblesse et fait primer la raison sur les choix du cœur. L’amour est en perpétuel confrontation avec le pouvoir comme il était de mise à cette époque et Bathory nous apparaît comme victime des mœurs de cette société.
Les décors et les costumes sont magnifiques, la réalisation très sobre, sans extravagances le tout formant une excellente reconstitution historique. Malgré quelques passages un peu durs, on ne tombe pas dans le gore. Ce film est aussi une réflexion sur l’importance de la jeunesse et des apparences, est ce mal de vieillir ou au contraire de vouloir la beauté éternelle à n’importe quel prix ? Quels actes sont condamnables ? Julie Delpy fait faire à la Comtesse la comparaison des crimes des hommes au nom de la guerre à ceux qu’elle commet elle-même. Ces hommes qui ont parfois été élevés en héros et dont les actes ne valaient guère mieux que ceux commis par E. Bathory. Enfin, le jeu des acteurs est très bon et Julie Delpy porte très bien son personnage à l’écran, on y croit. On arrive à avoir de l’empathie pour elle malgré les faits qui lui sont attribués. Je ne me suis pas ennuyée, il n’y a pas de longueurs, chose à saluer dans ce genre de reproduction historique.
L’amour, la place de la femme, la religion et la difficulté de se voir vieillir sont les principaux thèmes de ce film dont le parti pris balancerait pour la cause féministe. Un portrait de femme qui, sans nous faire oublier les horreurs commises, nous fait voir d’un autre œil, plus nuancé cette femme restée dans les esprits comme un être entièrement mauvais mais qui ne l’était peut-être pas. Tous actes a ses raisons, à méditer …