L'Ensorcelée - Jules Barbey d'Aurevilly
Quatrième de couverture :
Les lendemains de la chouannerie. Dans une atmosphère de campagne barbare où interviennent des pâtres jeteurs de sorts et des vieilles femmes hantées par le souvenir de leurs débauches, jeanne le hardouey, une aristocrate claudélienne mésalliée d'âme et de corps à un acquéreur de biens nationaux, est " ensorcelée " par un prêtre, l'abbé de la croix-jugan qui a tenté de se suicider par désespoir de la cause perdue et dont le visage monstrueux porte la trace des tortures que lui ont fait subir les bleus.
« J'ai tâché, disait Barbey, de faire du Shakespeare dans un fossé du Cotentin. »
Mon avis :
Voilà un classique que je voulais lire car en plus de la couverture qui est un de mes tableaux préférés (ça compte un peu quand même …) la quatrième de couverture était fortement intrigante. Là où le titre nous fait penser à un roman noir à la lisière du fantastique et bien … non. Pour le coup, il ne faut vraiment pas s’y fier et j’étais été déçue, c’est un rendez-vous manqué ce coup-ci.
Tout d’abord nous sommes dans la Normandie du XIXème siècle donc on ne peut empêcher nos pensées de dériver vers Maupassant. En ceci, la plume de Barbey d’Aurevilly est plutôt agréable mais je l’ai trouvé totalement dépourvue d’esprit (en tout cas dans ce roman ici évidemment). Il ne faut vraiment pas s’attendre) un quelconque cynisme qui pourrait nous faire un peu sourire. L’auteur fait son boulot et sérieusement s’il vous plait ! C’est un peu l’impression que ça m’a donné et je trouve ça vraiment dommage. Ce n’est pas pour ça que l’auteur ne prend pas le parti de la dénonciation mais là il se place pour le coup à total contre pied de Maupassant. Et je crois que c’est en fait le principal sujet du roman : le plaidoyer de l’aristocratie. On suit le protagoniste que j’ai finis par totalement perdre de vue, je ne savais plus qui était le narrateur ou quoi mais passons ; ce protagoniste du début donc, qui semble appartenir à une classe sociale plutôt noble. Et c’est là que vont s’enchaîner une série de petites piques et messages subtiles … ou moins subtiles. Je relèverais notamment, pour les moins subtiles, autant se marrer : « le gouvernement de tous par tous, - ce qui est impossible et absurde, - mais le gouvernement de tous par quelque uns, ce qui est possible, moral et intelligent. » Ce parti pris en est un comme un autre, le roman a été écrit à la moitié du XIXème siècle ce n’est donc pas si surprenant et l’ultraroyalisme de Barbey d’Aurevilly ne m’aurait pas tant gêné si cela avait été inclus dans l’intrigue …
Le problème, le majeur problème étant que l’intrigue est en fait pratiquement inexistante ou en tout cas je l’ai trouvée très inconsistante. Elle se résumerait en quelques lignes quand le roman fait 250 pages et là c’est ce qui me gêne beaucoup plus. Je me suis même demandé mais je ne vais pas m’avancer si le roman n’était pas finalement qu’un prétexte pour que d’Aurevilly puisse coucher et défendre ses idées. Les personnages ne sont pas dignes d’un grand intérêt et je ne me suis attachée à aucun d’eux, leur psychologie n’est pas approfondie ils se contentent de représenter une partie de la population. Je pensais avoir un roman un minimum mystérieux avec une histoire sombre et en fait je n’ai rien ressenti de cela. Je n’avais aucune envie de savoir ce qui avait pu arriver à ce prêtre ni à qui que ce soit. J’ai en plus eu un petit de mal avec le langage « campagnard » que Barbey d’Aurevilly s’efforce de retranscrire à l’écrit mais qui a un peu gêné ma compréhension. J’étais parfois obligée de lire à voix haute pour comprendre et certains mots me restent étrangers. Au début, je n’accrochais et je me suis dit que ça allait aller mieux par la suite puis il y a eu la scène du « désert », la seule où j’ai ressenti un tantinet de cette ambiance que je recherchais, et je me suis dit que ça y est l’intrigue était lancée. Or pas du tout, c’est retombé comme un soufflé et j’ai lu les 40 dernières pages sur les genoux, les idées ailleurs : finir pour finir en gros.
Mon avis est affreusement négatif et je me dis que j’ai du rater des choses mais pourtant … je ne vois pas lesquelles. J’avais déjà essayé de commencer le roman plusieurs fois en reportant la lecture au bout de quelques pages mais cette fois j’ai persévérer pour enfin le sortir de ma PAL et mon impression du début s’est confirmée : je me suis ennuyée et je n’ai pas trouvé d’attrait à ma lecture. J’avais envie de lire Les diaboliques mais … je crois que je vais attendre un peu.