Candide - Voltaire
Quatrième de couverture :
On sait tout de Candide, sauf une chose: quel rapport l'auteur avait-il avec ses personnages? Les a-t-il imaginés ou connus? A-t-il partagé certaines de leurs aventures? Est-il caché dans un coin du roman pour les observer? Ce regard que Voltaire pouvait porter de l'intérieur sur sa création, c'est justement celui qu'au-delà des connaissances acquises, on a eu l'audace de tenter de porter sur Candide. Cette édition change l'interprétation du plus étudié, mais aussi du plus secret des contes voltairiens. Il s'y présente de façon nouvelle. Ce n'est plus seulement, comme on l'a dit, un « catalogue de tous les malheurs humains », mis au service d'une campagne « philosophique » contre la doctrine de la providence. C'est, dans sa genèse et dans sa structure, un voyage sentimental au pays de la mémoire.
Mon avis :
Après Zola, je vous fais encore ici un billet pour une lecture de cours et ça ne va clairement pas être le dernier puisque les lectures imposées se multiplient en ce moment. Balzac, Camus & co. vont surement très prochainement se risquer en ces lieux. Aujourd’hui, c’est du Voltaire que nous allons manger.
Autant dire contrairement à la plupart des lectures qu’on m’impose j’ai ici réussi à apprécier tout de même le roman, ce qui est franchement un exploit que je ne pensais plus possible. Il sera surement bon de le relire plus tard car je suis certaine que j’y trouverais de nouvelle chose. Je peux d’ores et déjà commencer par vous dire que si vous souhaitez étoffer votre culture littéraire et ajouter quelques classiques à votre actif, tournez vous donc vers Voltaire. Non seulement parce que c’est un incontournable de la littérature française mais surtout parce que ça se déguste avec une facilité qui fera, à coup sur, se carapater tous vos préjugés sur les classiques. Parce que Voltaire, c’est FLUIDE ! Ca n’en reste pas moins un grand auteur qui sait magner les mots avec brio et réussit à faire passer de vraies valeurs dans ses textes. Par contre, il n’était pas copain avec les pages et les pages de descriptions à n’en plus finir, truffées de métaphores obscures et alambiquées. Ca se lit donc très vite, comme un vrai divertissement.
Bien sur, le roman n’aurait pas été élevé à un tel rang dans la littérature si ça n’avait été qu’un divertissement. Comme je le disais plus haut, l’auteur réussit à nous faire passer des messages forts. On peut le voir comme un portait d’époque mais cela reste à prendre avec des pincettes car ici l’exagération est reine et le surréalisme prend parfois le pas sur la réalité. Néanmoins, les valeurs portées et la critique des mœurs, restent bel et bien intemporelles. Particulièrement audacieux, Voltaire s’en prend autant à certaines formes de philosophie ou de politique ou tout simplement à l’humain et sa capacité de mouton … mais surtout à la religion ! Et là Voltaire n’y va pas avec le dos de la cuillère … et quand on y réfléchit, tout est dans les sous-entendus. Et c’est là qu’est le coup de maître de Voltaire car sa plus belle arme est l’ironie et c’est ce qui fait tout sa virulence ! Certains passages sont pleins d’esprit et on est souvent pris à sourire.
Cela peut par contre sembler un peu répétitif et comme les personnages ne sont pas construits pour être source d’empathie, j’ai failli me lasser à la fin. Mais le roman est court et l’érudition manifeste de Voltaire suffit à nous tenir en haleine. Ce qui reste à retenir c’est la vision particulièrement lucide et éclairé de l’auteur sur le monde et son temps. Le caractère si naïf de Candide permet justement de le faire paraître complètement à contre-courant et d’ainsi mettre en lumière les bassesses humaines et les illogismes de la société. Véritable ouvrage de philosophie où le libre-arbitre et la pensée personnelle sont les plus grandes des richesses et où l’argent et le pouvoir ne sont qu’illusoires. Les événements s’enchaînent avec un rythme très soutenus et il émane du texte une certaine violence. Certains termes ou situations surprennent encore le lecteur d’aujourd’hui comme lorsque Candide marche sur les membres encore palpitants des hommes fauchés par cette si « belle guerre » …
Classé comme conte philosophique, ce court roman de Voltaire est au final un peu inclassable. A la fois conte cruel et ouvrage de philosophie où le sérieux se dispute avec le cocasse. La bêtise et la folie des hommes y sont dénoncées comme nulle part ailleurs et pourtant jamais de discours moralisateurs qui ne viennent gâcher notre lecture. Même si j’ai eu peur de me lasser vers la fin, c’est un petit bijou de sous-entendus et d’ironie qui nous fait, encore aujourd’hui, voir notre société d’un autre œil.