Bellefleur - Joyce Carol Oates
Quatrième de couverture :
Ce grand roman gothique, empreint de merveilleux, fut le premier best-seller de Joyce Carol Oates, dans les années 1980 aux États-Unis. Il nous entraîne dans la pénombre des consciences d'une Amérique qui peine à se relever de la guerre de Sécession et où les origines sociales et le poids de la lignée entravent toujours les destins individuels. Tout au long du XIXe siècle, les Bellefleur vont exercer une influence déterminante sur l'Etat de New York. Ils composent un clan des plus bigarrés : un tueur en série, un original qui part se terrer dans les montagnes à la recherche de Dieu, un brillant scientifique, et Leah, une jeune femme délicate, qui décide de restaurer l'empire des Bellefleur, quel qu'en soit le prix. Le livre que Joyce Carol Oates appelait son « roman vampire » qui l’avait « vidée de son énergie »…
Mon avis :
Exit les polars pour un … O.V.N.I … Autant dire que quand je l’ai acheté il y a quelques mois je me suis sincèrement dit qu’il allait rester dans ma PAL pendant des années et puis par miracle non. Je ne savais pas quoi lire j’ai donc commencé à feuilleter les premières pages de plusieurs livres, sans grand enthousiasme souvent et puis Bellefleur est arrivé. A livre de 971 pages avis … long … très long. Je préviens.
« C’était il y a des années, lors de la période obscure, chaotique, insondable, […] un soir de la fin septembre troublé par la frénésie de vents innombrables, tels des esprits se livrant combat - tantôt plaintifs, tantôt en colère, tantôt subtils comme l’écho délicat du violoncelle, pénétrant au point de vous glacer la nuque et les épaules … »
Et oui, c’est un des écrits dits « gothiques » dans l’œuvre de Oates donc forcément je n’ai pas pu résister et il a vraiment fallu que la tentation soit insoutenable vu les 971 pages très remplies en papier cigarette et connaissant surtout ma première expérience avec l’auteur. Je me rappelle (enfin plus ou moins …) avoir lu Le triomphe du singe araignée de cette auteur. Pour résumer la chose je n’avais absolument rien compris. Les mots étaient en français, les phrases aussi et pourtant je ne comprenais rien. Expérience assez hallucinante je dois dire, au point que sans la quatrième de couverture j’étais totalement incapable de dire de quoi parlait le livre. Même pas les grandes lignes ou un évènement. Rien. Cela donne donc moyennement envie de réitérer avec l’auteur mais la tentation du gothique est la plus forte et ces premières lignes donnent parfaitement le ton.
Encore une fois, pas de course poursuite dans des caveaux ou d’éléments fantastiques, un gothique léger donc mais une atmosphère malsaine omniprésente. C’est vraiment très spécial, on a l’impression que le mal est niché partout et même les personnages, dont on ne peut pas forcément dire qu’ils sont méchants pour la plupart, ont un mauvais fond. Ca se sent. Et oui la malédiction des Bellefleur est partout, bien que personne ne sache réellement en quoi ça consiste. Concernant les personnages ils sont ... nombreux. C’est le moins qu’on puisse dire. Il y a d’ailleurs un arbre généalogique s’étendant sur une double page au début du roman, rien que ça. Je ne me suis pas vraiment attaché à aucun d’eux, c’est vraiment difficile car même s’ils ne sont pas détestables, comme je le disais ils ne sont pas bons et n’ont aucun remord à provoquer la souffrance.
Je me perds totalement dans mon avis, le roman est trop foisonnant pour ma pauvre petite tête, d’où le point par point. Donc, l’écriture et ma facilité à suivre l’histoire. Oates a une écriture assez spéciale : à la fois directe car elle ne tourne pas autour du pot et que les évènements tombent plutôt brutalement et en même temps alambiquée et là la première phrase du roman en est un exemple. En fait on se retrouve avec des phrases très mais trèèèès longues où Oates commence une phrase très simple et rajoute le magique petit tiret pour nous déballer un looong paragraphe … avant de finir sa phrase. Je me suis donc plusieurs fois surprise à essayer de retrouver le début de la phrase sur ma page. Ceci-dit je vous rassure ça ne m’a gêné profondément gêné au point que je me déconnecte de ma lecture. De même, le nombre de personnages fait qu’il est moins aisé de suivre l’intrigue mais c’est assez bien écrit pour ne pas perdre le lecteur en route.
Le roman narre sur ses presque mille pages le destin de la famille Bellefleur pendant tout le XIXème siècle. C’est donc une tranche de vie de plusieurs générations de cette famille et pendant tout un siècle auquel assiste le lecteur. J’avoue aussi été perdue dans l’époque parfois mais Oates reste finalement dans une intrigue qui suit son rythme chronologique sans presque jamais de flash-back. Et là on a tout de même envie de dire : heureusement ! Car il en aurait été trop du pauvre petit lecteur haha. Même si j’ai eu quelques moments de flottements j’arrivais donc toujours à « raccrocher les wagons ». Surtout que j’ai été totalement prise par l’histoire et pourtant ce sont des épisodes, pour le moins originaux et bizarres, de la vie des membres de cette famille il y a donc pleins de petites intrigues parallèle et on se délecte à chaque chapitre d’un nouvel évènement étrange et non moins sombre ou affreux que le précédent.
Donc, malgré le nombre de pages que contient ce roman je l’ai lu à une vitesse à laquelle je ne m’attendais pas du tout puisque j’enchainais plusieurs centaines de pages et même s’il faut rester concentré (je ne pense pas que j’aurais pu le lire dans les transports en commun par exemple) je n’ai pas du tout trouvé ça indigeste. Joyce Carol Oates a une plume vive et imagée, les descriptions n’alourdissent jamais le récit et nous donnent l’impression que tout est vivant. Follement et fougueusement vivant : des membres si insolites de la famille, aux murs du manoir jusqu’aux moindres petites bêtes et plantes du marécage d’à côté. Tout respire et s’anime au fur et à mesure des descriptions tantôt poétiques tantôt écœurantes. Et les chapitres s’enchaînent... J’ai par contre beaucoup moins aimé les chapitres contant l’histoire de Jedediah ils ne m’intéressaient pas tellement. La fin m’a bien plu, plutôt surprenante ; elle clôture très bien le roman de l’histoire de ces êtres si avides de destruction.
Donc à ceux qui sont arrivés jusqu’au bout : une très bonne lecture même si ce n’est pas un coup de cœur. L’intrigue a su totalement m’emporter et je suis désormais réconciliée avec Joyce Carol Oates. Je compte totalement lire les autres écrits gothiques de l’auteur : La légende de Bloodsmoor et Les mystères de Winterthurn et pourquoi pas un jour d’autres de ses livres. En attendant, voilà une brique de moins dans ma PAL : j’ai vaincuuuu !